Exposition en vedette

Bombardé
Le long chemin vers la guérison

Image: “13th Bn. men having a meal outside their dug-out. December, 1917” Canada. Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/O-2332

Image: “Our Brave Boys at the Front” Collection CCGG
/ 2016-1-1-37



6 min

At the beginning of the First World War, mental illnesses and nervous conditions were believed to result from an individual’s “weak” mind or character, rather than a legitimate reaction to an overwhelming event. The evolution of the conflict and its mechanization and brutalization added a different dimension to the understanding and treatment of what was known among soldiers as “shell shock”.
À l’issue du conflit, plus de10 000 soldats canadiens seront diagnostiqués d’un “traumatisme de guerre”, qu’on reconnaît aujour’hui comme le syndrome de stress post-traumatique, et plusieurs autres souffriront sans jamais recevoir de diagnostic officiel.
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[image] “Battle of Courcelette”, 1916
Huile sur toile, par Louis Alexander Weirter
Collection d’art militaire Beaverbrook
Musée canadien de la guerre
CWM 19710261-0788

"L'obusite"

Dans les tranchées

Image : « Passchendaele [étiquette ASE] » Photographie de ce qu'Alfred Soden English décrit comme son (14e) bataillon. / Collection CCGG - 2016.3.1.1-44
Symptômes divers, traitement inconnu
Dans les tranchées, “l’obusite” peut prendre plusieurs formes: des tremblements, confusion ou cauchemars jusqu’aux troubles d’audition et de vision, ou même la paralysie. Plusieurs soldats souffrent de migraines ou d’insomnie, mais choisissent de ne pas les signaler, notamment par crainte d’être perçus comme des lâches..

Soldat Eric Bradford

De Black’s Harbour, Nouveau-Brunswick, a servi au sein du 26e Bataillon. Un de quatre frères à servir avec le Corps expéditionnaire canadien (CEC), il est blessé lors de la bataille de la côte 70, en 1917. Il souffre de “flash-backs”, de cauchemars et d’autres symptômes de “l’obusite” suite au trauma à la tête qu’il a alors subi. Il décède suite à ses blessures le 24 mai 1919.

Crayon enlargement of Pte. Eric A. Bradford (#743041)
Date unknown
Provincial Archives of New Brunswick
Item P638-4

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Agrandissement au crayon de Sdt. Eric A. Bradford (#743041)
Date inconnue
Archives provinciales du Nouveau-Brunswick
article P638-4

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Agrandissement au crayon de Sdt. Eric A. Bradford (#743041)
Date inconnue
Archives provinciales du Nouveau-Brunswick
article P638-4

"C'était un endroit angoissanton s'attendait toujour à ce qu'il se passe quelque chose. J'ai vu gars trembler ici sans pouvoir s'arrêter."
Deward Barnes, 5 avril 1918
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Plusieurs soldats au front souffrent des symptômes de "l'obusite" mais continuent d'accomplir leur devoir. Ceux qui sont affectés par des symptômes débilitants sont généralement évacués pour traitement médical. Ces hommes sont fréquemment perçus comme des lâches par les autorités militaires, qui croient que leurs symptômes ne sont que l'expression de leur faible esprit et constitution, plutôt qu'une condition médicale. Les autres soldats sont souvent plus compréhensifs, particulièrement ceux qui ont déjà passé plusieurs mois dans les tranchées et ont été témoins des horreurs du conflit.
Les "Divisional Rest Stations" sont établies au début 1915 pour permettre aux soldats présentant des symptômes légers "d'obusite" de se reposer quelques jours sans être formellement évacués ou réassignés. Ceci permet aux hommes épuisés et nerveux de se reposer, sans las stigmatisation liée au diagnostic.

Resting in Reserve Trenches, 2nd Canadian Field Ambulance. juin 1916 Ministère de la défense nationale
Bibliothèque et Archives Canada article 3194769

Gérer "l'obusite"
au front

Traiter

Les traumatismes

Image : « Un hôpital de campagne [étiquette ASE] » Photo panoramique prise sur le vif montrant des soldats canadiens souffrant de diverses blessures liées à la guerre / 2016.3.1.1-55

Comprendre et traiter les traumatismes dus aux bombardements

Le terme “shell-shock” ou neurasthénie, est apparaît car les docteurs militaires croient que les symptômes sont causés par des lésions du système nerveux résultant de l’explosion d’obus. À mesure que las guerre continue et que les cas “d’obusite” augmentent, il devient clair que ce n’est pas le cas. Plusieurs patients n’ont aucune expérience de combat, ou n’ont jamais été exposés à des tires d’artillerie au moment du diagnostic.
"Il est devenu évident que les explosions d'obus ou autre événement qui cause l'antécédent immédiat de la maladie n'est que l'étincelle [...] pour laquelle le stress et la pression mentale de la guerre ont déjà préparé le terrain."

Instinct and the Unconscious, W.H.R. Rivers 

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Les traitements physiques comme les électrochocs pour renvoyer les soldats au front le plus rapidement possible ont été favorisés. Concrètement, ces méthodes plus sévères sont plus efficaces pour renvoyer les hommes dans les tranchées; elles sont plus rapides et ont un effet immédiat sur les symptômes physiques, mais les nombre de soldats ayant rechuté une fois de retour au combat demeure inconnu.
"L'obusite" survient lorsque la réserve de force mentale d'un soldat se trouve épuisée. Les experts médicaux croient que la réserve de force mentale d'un individu peut être drainée par des situations de stress comme les combats intenses, les barrages d'artillerie, ou une présence prolongée dans les tranchées.

Nöel 1917 à l'hôpital spécial Granville - Buxton
decembre 1917
Musée canadien de la guerre
article CWM 19930003-607

Compréhension et traitement
par le Corps médical de l'Armée canadienne

Méthodes et visions opposées
W.H.R. Rivers
Un psychologue britannique, a servi en tant que capitaine au sein du Corps royal médical de l'armée. Favorisant une approche plus humaine au traitement, il développe un "remède par la parole" pour aider les soldats affectés à reconnaître leurs souvenirs refoulés de la guerre et à surmonter leur condition.

Crayon enlargement of Pte. Eric A. Bradford (#743041)
Date unknown
Provincial Archives of New Brunswick
Item P638-4

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Portrait de William Halse Rivers Rivers Par Maull & Fox,
Date inconnue. The Royal Society, référence IM/Maull/003835

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Portrait de William Halse Rivers Rivers Par Maull & Fox,
Date inconnue. The Royal Society, référence IM/Maull/003835

Clarence B. Farrar
Le psychiatre en chef pour le Département du Rétablissement civil des soldats au Canada entre 1916 et 1923. Il affirme que les troubles de santé mentale, incluant "l'obusite", sont d'order biologique et génetique, et résultent d'un esprit faible.

Crayon enlargement of Pte. Eric A. Bradford (#743041)
Date unknown
Provincial Archives of New Brunswick
Item P638-4

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Portrait de Clarence B. Farrar. Clarence B. Farrar (Fonds 1260),
Archives de l'Université de Toronto, pièce B1999-0011-002P-01

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Portrait de Clarence B. Farrar. Clarence B. Farrar (Fonds 1260),
Archives de l'Université de Toronto, pièce B1999-0011-002P-01

Malades

Faux et vrais

Image : « Ambulance canadienne. Touchée par un obus [étiquette ASE] » comblant un cratère d'obus à côté d'une ambulance endommagée lors de la bataille de Passchendaele / 2016.3.1.1-126
Lâches et
héros ?
Le nombre de cas “d’obusite” continue d’augmenter sur le front de l’Ouest, et les autorités militaires commencent à s’inquiéter des effets sur le moral des troupes. Elles craignent qu’en voyant des soldats rapporter leurs symptômes aux officiers médicaux et être évacués, leurs camarades allaient prétendre avoir les symptômes afin d’éviter d’accomplir leur devoir.

Durant la grande guerre
203 soldats canadiens sont condamnés à mort pour désertion ou couardise.

22 d'entre eux sont exécutés par peloton d'exécution.

181 condamnés aux travaux-forcés.

Les hommes exécutés pour couardise étaient exclus de las liste d'honneur de leur régiment.

Leurs noms n'apparaissaient pas dans les livres du souvenir du Canada jusqu'en 2001.
"Alors, un gars dans une équipe de travail s'est effondré et est devenu fou [...] Ils ont, évidemment, considéré la possibilité qu'il tentait de se faire passer pour malade; y'a eu pas mal de drôles de trucs faits ici pour essayer de rentrer en Angleterre ou au Canada."

Lettre d'un brancardier canadien anonyme
à sa femme, 5 janvier 1917

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Il est possible que moins de soldats feignent d'être malade que ce que croient les autorités, mais plusieurs sont quant même soupçonnés de feindre ou d'exagérer leur condition, autant par les médecins que par leurs camarades. Les troupes ont souvent des opinions variées à propos des soldats affectés, les considérant parfois comme les lâches ou u contraire, étant parfois plus compréhensifs lorsqu'ils ont eu-mêmes fait l'expérience de la brutalité de la guerre.

Alors que certains désertent ou refusent d'accomplir leurs tâches, les autorités militaire sont de plus en plus rapides à considérer comme lâches les soldats qui disent souffrir de traumatisme, et à les accuser de feindre leurs symptômes. Si certains ne reçoivent qu'un avertissement, le passage en cour maritale n'est pas rare et les autorisés ne considèrent généralement pas que "l'obusite" justifie la désertion.

Un officier guide un blessé canadien vers un poste de secours.
septembre 1916
Musée canadien de la guerre
article 3395791

Lâcheté ou névrose :
cours martiales et exécutions

Après l'armistice

Les effets à long terme et la lutte des vétérans pour une reconnaissance
Image : « 24e bataillon des Victoria Rifles » / Collection CCGG
La lutte des vétérans pour une reconnaissance
Après l’Armistice en 1918, les soldats sont démobilisés et le Corps expéditionnaire canadien dissous, forçant les vétérans à réintégrer la société civile. Ceux qui ont été blessés au combat reçoivent une pension, mais ceux qui souffrent “d’obusite” peinent à recevoir du soutien des autorités militaires.
Soldat Clarence Booth

Booth participe à la bataille de Saint-Éloi en avril 1916 et est plus tard admis à l’hôpital pour “obusite”, d’abord en mai puis en juin 1916. Il note dans son journal le 19 mai: “Suis retourné au Front (me Suis Perdu) près de [cratères] cachés dans trous d’obus…De retour OK Mes Nerfs Foutus”, puis le 14 juin, "(Enseveli sous Tirs d’Obus) Foutu encore envoyé [pass a bord]/Envoyé à [l'hôpital]". Après son deuxième séjour à l’hôpital, Booth est transféré au quartier général de la 2e Division, où il travaillera comme cuisinier.

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Clarence Booth
gauche, première rangée
s’enrôle avec le 24e Bataillon (Victoria Rifles) en Novembre 1914
Collection CCGG

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Clarence Booth
gauche, première rangée
s’enrôle avec le 24e Bataillon (Victoria Rifles) en Novembre 1914
Collection CCGG

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Clarence Booth
gauche, première rangée
s’enrôle avec le 24e Bataillon (Victoria Rifles) en Novembre 1914
Collection CCGG

"La névrosene justifie ni une formation professionnelle ni une demande de pension."
Clarence B. Farrar, Psychiatre en chef du Département du Rétablissement civil des soldats
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“L’obusite” et la Commission
canadienne des pensions

Les conséquences de “l’obusite” ne sont pas liées qu’à l’emploi; plusieurs vétérans développent des conditions connexes telles que l’alcoolisme, ou la difficulté à développer ou maintenir des relations interpersonnelles. Des familles entières sont affectées, et la stigmatisation des problèmes de santé mentale demeure longtemps ancrée dans la société canadienne. Les rapports de suicide de plusieurs vétérans dans les journaux canadiens font souvent référence à des symptômes d’obusite.

Plusieurs hommes affectés par des névroses liées à la guerre se retrouvent sans soutien financier de la Commission des pensions et ont de la difficulté à garder un emploi pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.

Puisque “l’obusite” est, à l’époque, généralement considérée comme le résultat d’une prédisposition génétique, la Commission ne la croit pas “attribuable au” ou “aggravée par” le service militaire. Un grand nombre de vétérans se voient refuser une pension sur ces bases, surtout ceux dont les symptômes n’apparaissent que plusieurs années après la guerre. Leurs demandes de pension sont presque toujours rejetées, la Commission considérant que le temps écoulé signifie que leur condition n’est pas liée à leur service militaire.

Basket-making at Military Hospital in Cobourg, 1917
Département du rétablissement civil des soldats
Archives de l'université de Toronto
article B1999-0011-003P-11-B

De 'l'obusite" au SSPT

Les traumatismes de guerre
au fil du siècle

Image : « Ambulance canadienne. Touchée par un obus [étiquette ASE] » comblant un cratère d'obus à côté d'une ambulance endommagée lors de la bataille de Passchendaele / 2016.3.1.1-126
Les traumatismes de guerre au fil du siècle
La névrose de guerre et “l’obusite” demeurent des enjeux importants pour les autorités médicales et militaires longtemps après la fin de la Grande Guerre. Les pensions et traitements pour les soldats affectés font l’objet de débats dans les décennies suivant la Deuxième Guerre mondiale et la Guerre de Corée. L’idée que “l’obusite”, l’épuisement ou le stress du combat est dû à l’échec personnel d’un soldat demeure longtemps dominante dans les diagnostics et traitements.

16.4 %
des vétérans de la Force régulière qui ont quitté les Forces armées canadiennes entre 1998 et 2015 ont reçu un diagnostic de syndrome de stress post-traumatique.

En comparaison, 8 % des Canadiens qui vivent un événement traumatique développent un SSPT.

"C’est en parlant que tu actives ta mémoire, mais il y a beaucoup de choses dont je devrais pas parler. Je vais les amener dans ma tombe. Je ne vais jamais le dire à personne. J’essaie d’oublier. Si j’ai de la difficulté à dormir la nuit, je ne veux pas penser à ces choses-là, parce qu’une chose en amène une autre, et ça continue sans arrêt… J’aime mieux avoir l’esprit tranquille."
Jean-Émile Paillé, vétéran de la Deuxième Guerre mondiale et de la Guerre de Corée
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Les problèmes de santé mentale demeurent un sujet délicat dans le domaine de la santé, autant dans la société civile que militaire. Autant les soldats actifs que les vétérans ont longuement milité pour la reconnaissance, le traitement et les pensions pour les handicaps et symptômes associés aux traumatismes de guerre. Ce n’est qu’en 1980 que le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) est reconnu dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM). Ceci marque un tournant pour la reconnaissance des troubles liés au stress chez les militaires, les symptômes n’étant désormais plus perçus comme résultant d’une prédisposition génétique.
L’Hôpital Saint-Anne est fondé en 1917 afin de traiter le personnel et les vétérans de la Grande Guerre. Racheté en 1950 par Anciens Combattants Canada et transféré à la juridiction provinciale en 2012, il se spécialise principalement dans les services aux vétérans des Forces armées canadiennes, dont les soins à long terme et le SSPT.
St. Anne's Hospital, St. Anne de Bellevue, Quebec.
Curtiss-Reid Flying Service Co. Ltd., 1926-1940
Collection Pierre Monette
Bibliothèque et Archives Nationales du Quebec
000558894
Lutte pour la reconnaissance et le traitement

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