Infirmières canadiennes durant la Première Guerre mondiale : Devoir et dévouement

This box from our collection shows some of the common items nurses would have needed for their job- such as absorbent cotton to prevent a open wound from becoming infected.

Au cours de la Première Guerre mondiale, 2 500 infirmières canadiennes ont servi à l’étranger, 2 000 d’entre elles pleinement formées et 500 infirmières du Détachement d’aide volontaire (Voluntary Aid Detachment, ou VAD) qui s’engagent lorsque la guerre est déclarée. 1 2 Au Canada, 3 000 infirmières œuvrent dans les maisons de convalescence, soignant les soldats blessés qui ont été rapatriés. Travaillant de longues heures, ces femmes ont dédié leurs connaissances médicales aux soins des blessés, l’ouvrage étant également très demandant. Elles prenaient aussi soin de les amener marcher, de planifier des danses, et que chaque fête soit célébrée. Lorsqu’un soldat décédait de ses blessures, elles prenaient souvent le temps d’écrire une lettre de réconfort à la famille.

Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, il semble approprié que les infirmières se portent volontaires. Après tout, les femmes étaient alors considérées comme « les soignantes naturelles des hommes au front ». 3 Les infirmières canadiennes étaient surnommées « Bluebirds » par les soldats en raison de leur uniforme bleu clair orné de boutons en laiton. Elles sont immédiatement acceptées en tant que composante essentielle de l’effort de guerre. 4 Bien formées et généralement dans la fin-vingtaine à trentaine, on s’attend de ces femmes qu’elles possèdent l’expertise et les valeurs morales pour qu’on leur fasse confiance auprès des soldats. 5 Bien qu’elles étaient supposées être tenues loin des lignes ennemies, elles se retrouvent rapidement partout à se trouvent les blessés. En 1915, il y a entre dix et douze infirmières à chacune des stations d’évacuation des blessés, qui ne se trouvent qu’à 3 ou 4 miles du front, et deux infirmières se trouvent dans les trains-ambulances. 6 Il existe malheureusement peu de sources écrites par les infirmières elles-mêmes quant à leur horaire de travail. Une de ces rares sources est le journal de Clare Gass, et elle-même commente peu ses journées de travail, offrant des commentaires tels que « J’ai reçu d’importants convois de patients toutes les nuits ces derniers temps & la salle médicale est bondée & le travail est difficile. » 7

Many nurses served in makeshift auxiliary hospitals in Britain such as the Haslingden Union Workhouse which is showcased on this postcard.

Les lettres que les infirmières envoyaient chez elles étaient lourdement censurées, et on s’attendait d’elles qu’elles soient positives en tout temps. Clare Gass elle-même mentionne dans son journal qu’ « une des qualités essentielles d’une infirmière est d’être toujours plaisante ». 8 Les infirmières comprenaient instinctivement qu’elles ne devaient pas se plaindre de leurs conditions de vie ou de travail. Heureusement, on peut déduire quelques détails à travers les lettres des infirmières volontaires. Celles-ci semblent avoir été plus enclines à se plaindre, possiblement parce qu’elles n’étaient pas passées à travers le même entrainement rigoureux que les infirmières de formation, et, en tant que membres des Détachements d’aide volontaire (VADs), elles ne pouvaient pas réellement être punies pour leurs propos. Fanny Cluett, une infirmière du VAD en Angleterre, écrit dans ses lettres qu’elle travaille auprès des patients de 6h30 à 20h chaque jour à récurer les tables, changer les bandages et laver les patients.9 De nombreuses infirmières volontaires ne travaillent que six mois à l’étranger. 10 Elles provenaient souvent de riches familles anglo-canadiennes et, pour la plupart, n’avaient aucune expérience de travail physique. De plus, elles ne recevaient que 5 semaines de formation avant d’être mises au travail, et nombre d’entre elles ne s’attendent pas à l’ampleur du travail que représentaient les blessés du front de l’ouest. 11 Bien que les volontaires agissaient principalement en tant qu’assistantes, elles devaient tout de même faire face aux horribles blessures des soldats, tout comme les infirmières de formation, et plusieurs ne supportaient pas la dureté de leur environnement. Elles travaillaient dur, mais de nombreuses infirmières des Détachements d’aide volontaire souffraient d’insomnie et de maladies causées par les conditions de travail; elles avaient souvent hâte de retourner à un rythme de vie plus calme. 12

Le travail que les infirmières décrivent avec le plus de détails est l’organisation de danses et de fêtes pour les soldats. C’était une part importante de leur travail, puisque les infirmières se devaient de remonter le moral des blessés. Elles avaient leur propre tente dédiée aux événements sociaux pour les soldats convalescents. Elles tenaient aussi des séances de thé dans des maisons avoisinantes, où un soldat jouait du piano, et elles semblaient retirer beaucoup de plaisir à l’organisation de ces fêtes.13 Clare Gass décrit l’organisation des fêtes de Noël et d’Halloween mises sur pied par les infirmières. Celles-ci devaient travailler à maintenir le moral des patients élevé tout en gardant une distance morale avec eux. 14

Nurses often sent letters to the families of dead soldiers to reassure them their son did not suffer, such as this letter sent to the family of Joseph Antoine Elphage Marcotte.

Certaines infirmières permanentes ont eu des relations romantiques avec des patients, mais elles étaient plutôt rares, puisque les pénalités pouvaient être sévères. Les infirmières qui se mariaient devaient quitter leur poste, car les femmes mariées ne pouvaient occuper un emploi. Clare Gass mentionne une des infirmières qu’elle connaissait qui avait donné sa démission pour se marier. 15 Les infirmières étaient supposées être surveillées en tout temps, et devaient obtenir la permission pour se déplacer à l’extérieur de leur station. 16 Il semble toutefois qu’il y aurait eu un plus grand nombre de relations entre soldats et infirmières des Détachement d’aide volontaires. Bien que ces liaisons soient aussi interdites, les volontaires étaient souvent plus près en âge de leurs patients et avaient moins à perdre que les infirmières de formation. Au moins quelques volontaires ont eu des relations illicites avec des soldats. Un d’entre eux se rappelle avoir remarqué des « scènes de donjuanisme sur la route à la tombée de la nuit », entre infirmières volontaires et officiers, alors qu’il rentrait avec ses camarades après avoir visionné un film dans un village français. 17 C’était même devenu un sujet de plaisanterie, plusieurs rigolant que les soldats allaient épouser leurs infirmières des VADs, surtout si elles étaient jolies. 18

Cependant, ce scenario n’a été l’expérience que de quelques rares infirmières. La plupart de ces femmes peinaient à soigner les horribles blessures des hommes, tout en s’efforçant de rester positives et de garder le sourire devant les blessés. Elles travaillaient sans relâche pour pouvoir sauver des vies, en plus de planifier des événements festifs pour remonter le moral des troupes. À travers la Première Guerre mondiale, 39 infirmières ont perdu la vie en raison de leur décision de servir, et nombre d’entres elles ont certainement été blessées ou ont subi un trauma lié à leur service à l’étranger. Ces courageuses femmes se sont avérées inestimables à l’effort de guerre canadien et méritent que leurs efforts soient reconnus.


  1. S. Mann, “Where Have All The Bluebirds Gone? On The Trail of Canada’s Military Nurses, 1914-1918,” Atlantis: Critical Studies in Gender, Culture & Social Justice, (2001), 35.
  2. Linda J. Quiney, This Small Army of Women : Canadian Volunteer Nurses and the First World War. (Vancouver: UBC Press, 2017), 3.
  3. Quiney, This Small Army of Women, 7.
  4. Mann, “Where Have All The Bluebirds Gone?”, 35.
  5. Clare Gass, and Susan Mann. The War Diary of Clare Gass : 1915-1918. (Montréal: McGill-Queen’s University Press, 2014), xxii.
  6. Gass, The War Diary of Clare Gass, xxix.
  7. Gass, The War Diary of Clare Gass, 161.
  8. Gass, The War Diary of Clare Gass, 177.
  9. Quiney, This Small Army of Women, 133.
  10. Quiney, This Small Army of Women, 130.
  11. Quiney, This Small Army of Women, 118.
  12. Quiney, This Small Army of Women, 136.
  13. Gass, The War Diary of Clare Gass, xxiv.
  14. Gass, The War Diary of Clare Gass, 77, 151.
  15. Gass, The War Diary of Clare Gass, 106.
  16. Gass, The War Diary of Clare Gass, xxxii.
  17. Dan Azoulay, Canadian Romance at the Dawn of the Modern Era, 1900-1930. (University of Calgary Press, 2011), 194.
  18. Azoulay, Canadian Romance, 194.

Partagez cet article

Dites-nous ce que vous pensez

Une photo d'un abri détruit au ou près du mont Sorrel

« C’était simplement l’Enfer! » : La bataille du mont Sorrel, juin 1916.

Le 2 juin 1916, la bataille du mont Sorrel a commencé. Éclipsée par les grandes batailles de 1916, Mont Sorrel fut néanmoins un moment important pour le Corps canadien encore jeune. Le premier jour de la bataille a été le « baptême du feu » de la 3e division et le combat, surtout la contre-attaque canadienne le 13 juin, a enseigné des leçons utiles, mais coûteuses.

Read More »